Made in Germany et autres farces
JUMELLES MADE IN GERMANY ET AUTRES FARCES...
Made in Germany ou made in China ?
Des jumelles chinoises signées Steiner Germany. Qui est le dindon de la farce ?
Que ce soit dans le microcosme des jumelles et longues-vues ou dans bien d'autres domaines, le "made in Germany" (ou, au choix, le made in France, le made in Japan, etc...) fait vendre. Combien de fois n'ai-je pas entendu un client me dire qu'il voulait absolument des jumelles "européennes", avec comme résultat qu'il est parti outré quand je lui ai dit ce que ça lui coûterait.
Les marques teutonnes de jumelles et longues-vues adorent particulièrement mettre en avant le fameux "made in Germany", notamment Minox et Steiner. Mais les grandes marques aux yeux bridés arborent tout aussi fièrement un "made in Japan" qui évoque la technologie de pointe. Le géant américain Bushnell, quant à lui, aime faire vibrer la fibre patriotique de ses clients yankees à grand renfort de belles gueules et de stars and stripes, quoique pas un seul de ses instruments ne sorte d'autre part que d'Asie.
Et bien entendu, le gentil consommateur est censé croire ce qu'on lui dit.
Les marques teutonnes de jumelles et longues-vues adorent particulièrement mettre en avant le fameux "made in Germany", notamment Minox et Steiner. Mais les grandes marques aux yeux bridés arborent tout aussi fièrement un "made in Japan" qui évoque la technologie de pointe. Le géant américain Bushnell, quant à lui, aime faire vibrer la fibre patriotique de ses clients yankees à grand renfort de belles gueules et de stars and stripes, quoique pas un seul de ses instruments ne sorte d'autre part que d'Asie.
Et bien entendu, le gentil consommateur est censé croire ce qu'on lui dit.
Une équation simple : Minox = Olympus= made in Germany = made in Japan = made in China ©Tobias Mennle
90% chinois, 10% allemand
La législation du "made in..." est en réalité très permissive et ne garantit absolument pas que le produit soit effectivement réalisé dans le pays mentionné. La règle communautaire prévoit en effet que l’origine du produit puisse être attribuée au pays où a eu lieu la dernière étape "substantielle et économiquement justifiée" du processus de production. Il ne faut pas trop de migraines pour interpréter cela avec une certaine "élasticité".
Des jumelles (ou tout autre produit) peuvent ainsi être fabriquées à 90% en Chine, si la touche finale est donnée dans un entrepôt allemand, elles pourront légalement arborer le fameux "made in Germany".
Et le tour est joué.
Un bel exemple est mis en évidence par Tobias Mennle dans son excellent site web greatestbinoculars que je vous conseille de consulter si vous pratiquez assez l'Anglais. Il compare côte à côte des Minox BV 8x42 "made in Germany" et des Olympus EXWP1 8x42 "made in Japan" pour conclure qu'il s'agit d'un seul et même modèle, parfaitement made in China.
Les plus grands noms de l'optique, les fleurons de l'industrie allemande n'hésitent pas à délocaliser leurs productions. Ainsi, les fameuses longues-vues Leica Televid sont-elles fabriquées en Tchéquie par Meopta, les nouvelles Leica Trinovid HD sont des fabrications japonaises assemblées au Portugal, et les Zeiss Conquest HD sont également des fabrications japonaises.
Bref, les "made in..." ne veulent absolument plus rien dire du tout !
Le genre de produit blanc chinois que l'on retrouvera "habillé" sous une multitude de marques
United Optics à Kunming. Moins bien qu'une usine américaine ou germanique ? Meade, c'est eux.
Ni généralisation, ni désespoir
Il est absolument sûr et certain que l'écrasante majorité des modèles de jumelles et longues-vues que nous pouvons acquérir sont des fabrications chinoises. Cependant, il reste des exceptions dans le tout haut de gamme.
Swarovski fabrique son optique de loisirs en Autriche. Leica fabrique au Portugal et en Allemagne. Zeiss fabrique en Allemagne et en Hongrie, mais les Zeiss Terra ED sont des chinoises. Les grands Japonais comme Nikon et Kowa (groupe énorme) fabriquent leur haut de gamme au Japon et le reste en Chine.
Pour parler concret, n'espérez pas avoir en mains des jumelles réellement européennes ou japonaises à moins de 1000 EUR et une longue-vue réellement européenne ou japonaise à moins de 1500 EUR. L'exception à la règle est la marque tchèque Meopta qui offre des productions européennes à prix encore "raisonnables", mais sans la renommée ni les performances des plus grands noms. Je passerai sous silence les éventuelles marques russes actuelles.
Mais le "made in" est-il si important ? Les bons faiseurs chinois ne travaillent plus depuis longtemps dans de vieux ateliers pourris. Ce sont de grandes sociétés disposant d'usines ultramodernes et parfaitement capables d'offrir du matériel de haute qualité. Evidemment, si la pression sur le prix est énorme, elles feront comme tout le monde des économies dans le choix des verres, la sophistication des traitements, la robustesse des matériaux, et aussi dans le contrôle de qualité.
Kunming : Optics Valley
La région de Kunming, en Chine, rassemble des dizaines de sociétés de toutes les tailles, actives dans l'optique. La région est parfois baptisé "optics valley". C'est là que se trouvaient les énormes compagnies d'état de production d'optiques militaires. Lors du passage à l'économie de marché, des centaines de techniciens et ingénieurs ont entrepris de créer leur propre business.
Bien des marques aux consonnances typiquement germaniques ou américaines comme Bresser ou Meade (et tant d'autres) sont en réalité contrôlées à 100 % depuis Kunming.
Le "made in China" nous permet d'obtenir déjà de bonnes jumelles standards (type 8x32, 10x42...) pour 200 EUR, mais n'espérons pas avoir autre chose qu'un cul de bouteille pour 50 ou 100 EUR.
Quant aux autres "made in", ne nous laissons pas mener en bateau !